Photo : Roman Gric
INTERALPIN/ASSEMBLÉE ANNUELLE AUTRICHIENNE DES TRANSPORTS À CÂBLES
Top-Event à Innsbruck
C’est déjà une tradition à Innsbruck : choisir la date de l’inauguration du Salon Interalpin (19 au 21 avril) pour qu’elle concorde avec l’Assemblée annuelle de la Fédération autrichienne des transports à câbles. Le thème de cette réunion s’énonçait : Durabilité (Ecologie – Economie – Questions sociales).
Après avoir, selon la tradition, salué les invités d’honneur et adressé ses remerciements à toutes les personnes ayant contribué à la réalisation de ce projet, le Délégué général du CMI (Congress Messe Innsbruck) Dir. Christian Dipl.-BW (FH) Mayerhofer, souligna l’excellente collaboration avec la Fédération autrichienne des transports à câbles (ÖSV) et exprima sa satisfaction devant le nombre de 650 exposants et invités, représentant plus de 100 nations, chiffres venant confirmer de façon impressionnante la position de l’Interalpin en tant que No 1 des salons concernant les transports à câbles et les industries en rapport avec la montagne. Avec une superficie de 40.000 m2, le Salon éclipsait cette année tout ce que l’on avait vu jusqu’ici. M. Mayerhofer termina son allocution en indiquant les événements programmés dans le cadre de l’Interalpin, notamment les Interalpin Inspiration Days et la soirée de Gala Snow Crystal au cours de laquelle allait être décernée le prix de l’ÖSV, le « Cristal de neige des sports d’hiver ».
Allocutions des invités d’honneur
On pense généralement que les allocutions prononcées par des hommes politiques et des représentants d’importantes organisations sont certes partie intégrante de ce genre de manifestations mais ne présentent le plus souvent pas un véritable intérêt ; or cette fois on peut dire qu’elles ont, pour la plupart, véritablement tracé une image des problèmes qui se posent actuellement aux divers décideurs.
Christoph Walser, Président de la Chambre Economique du Tyrol, souligna la position centrale d’Innsbruck en rappelant que les principaux fabricants d’équipements techniques pour l’hiver – notamment installations de transport à câbles et dameuses – étaient établis dans un rayon de 100 km environ autour de cette métropole. Et on ne saurait effectivement trop souligner l’importance du tourisme pour le Tyrol et l’ensemble de l’économie de la région.
Le Maire – écologiste – d’Innsbruck, Georg Willi, allait saisir l’occasion de son allocution pour donner une « leçon d’histoire » concernant les transports à câbles au Tyrol, activité d’une valeur incontestable pour les habitants des vallées de la région. Il souhaiterait cependant que le secteur des transports à câbles accorde encore plus d’importance à la durabilité, à la recherche de solutions plaçant l’être humain et la nature au premier plan. Georg Willi aimerait aussi voir se développer les transports à câbles en milieu urbain, ce moyen de transport présentant les divers avantages d’êtresilencieux, de ne pas occuper beaucoup de place, d’être propulsé par électricité et d’avoir un débit important.
Franz Hörl, Président de la Fédération des transports à câbles autrichiens, prit la défense de son secteur trop souvent confronté aux attaques voulant faire des transports à câbles des destructeurs de l’environnement extrêmement gourmands en énergie. La consommation d’énergie des installations de transport à câbles ne dépasse pas 0,32 % des besoins globaux de l’Autriche en énergie ; ces dernières années, elles ont pu afficher un potentiel d’économie énergétique de 20 % et réduire considérablement leur utilisation d’énergies fossiles ; résultats qui ont pu être atteints grâce aux initiatives des exploitants en coopération avec les fabricants et les scientifiques.
Après avoir transmis le message de bienvenue de Mme Leonore Gewessler, la ministre autrichienne concernée, le chef de l’autorité de tutelle des Transports à câbles au sein du Ministère fédéral pour la Protection climatique, l’Environnement, l’Energie, la Mobilité, l’Innovation et la Technologie (BMK), Mag. Jörg Schröttner allait évoquer les problèmes résultant de l’augmentation du coût de l’énergie et de la pénurie de main d’œuvre qui se posent aux exploitants et qui – venant s’ajouter aux aléas climatiques de la saison écoulée – ont été sources de difficultés pour le secteur. C’est en particulier à la pénurie de main d’œuvre que l’on doit le fait d’avoir vu se multiplier les demandes adressées à l’autorité de tutelle concernant l’exploitation autonome des installations, non seulement dans le cas des télécabines mais aussi pour les télésièges. Outre ces demandes, l’autorité de tutelle s’occupe actuellement des procédures d’autorisation relatives à 16 télécabines, sept télésièges et une installation mixte. Sont par ailleurs en attente des décisions concernant des questions juridiques de fond, à savoir : ordonnance générale relative aux visites périodiques, ordonnance relative au personnel des installations de transport à câbles avec adoption d’un brevet de chef d’exploitation, mise à jour de l’ordonnance relative aux projets non soumis à autorisation, avec élargissement du catalogue de ces projets, ainsi qu’actualisation de l’ordonnance relative aux téléphériques et de l’ordonnance concernant les téléskis. En sa qualité de Président de l’OITAF, Jörg Schröttner allait terminer en attirant l’attention sur le Séminaire OITAF prévu pour le lendemain (Voir rapport p. 12) et en évoquant le Congrès mondial des Transports à câbles de l’OITAF qui se tiendra en 2024 à Vancouver.
Suivit un message vidéo de Mme Suzanne Kraus-Winkler, Secrétaire d’Etat au Ministère autrichien du travail et de l’économie (BMAW). Tout comme M. Georg Willi, elle commença son intervention en revenant sur l’histoire des transports à câbles et en décrivant l’évolution qui en a fait un secteur moderne, dont l’activité s’inscrit dans la durabilité. Grâce à l’esprit d’innovation des exploitants d’installations de transport à câbles, on constate aujourd’hui que 90 % de la consommation d’énergie nécessaire au fonctionnement des installations sont aujourd’hui fournis par des sources d’énergie renouvelable. L’enneigement mécanique est lui aussi désormais devenu plus efficace en termes de consommation d’énergie et plus respectueux de l’environnement. Mme Kraus-Winkler devait par ailleurs souligner le rôle des transports à câbles en tant que moteur de la création de valeur dans les régions : avec un chiffre d’affaires global de 1,2 milliards d’Euros, ils ont assuré près de 236.000 emplois. Et ceci pas seulement en hiver mais aussi en été où le label de qualité Meilleurs téléphériques d’été autrichiens est depuis déjà deux décennies garant de qualité et de croissance économique. Les exploitants de ces installations sont de véritables pionniers en matière de voyages responsables et s’inscrivant dans un esprit de durabilité.
Le message du Ministre indien des transports routiers et des autoroutes, S.E. M. Nitin Gadkari, fut un moment fort parmi les allocutions de bienvenue. Le Ministre allait évoquer les actuels problèmes des transports en Inde, l’Etat qui connaît le plus grand essor économique à l’échelle mondiale. Le pays accorde une haute priorité au développement du tourisme tant national qu’international et a mis en place à cet égard un vaste programme d’investissements dans les projets d’installations de transport à câbles : 15 milliards de Dollars US doivent être mis à disposition au cours des cinq prochaines années pour équiper le pays de près de 200 installations de transport à câbles. M. Gadkari invitait tous les acteurs de l’industrie occidentale des transports à câbles à participer à ce programme sous forme de partenariats PPP et à aider l’Inde à développer son infrastructure en matière de transports à câbles. Une vidéo publicitaire relative aux projets de Joint-venture en rapport avec le programme d’investissements dans les transports à câbles présentée à la fin de cette allocution lançait un appel insistant : « Come and be part in the history of India ».
Le Président de la Région du Tyrol, M. Anton Mattle, revint sur les mots du Ministre indien des Transports en soulignant l’énorme potentiel de projets d’installations de transport à câbles, tant dans les régions de montagne qu’en milieu urbain, qui pourrait être à l’origine de partenariats entre les sociétés exposant à l’Interalpin et le secteur public de l’Inde.
En tant que Président de la Région du Tyrol, M. Anton Mattle ne put bien sûr s’empêcher de se féliciter de la part du Tyrol dans le tourisme autrichien, après quoi il déclarait l’Interalpin officiellement ouvert.
Assemblée de la Fédération autrichienne des remontées mécaniques
L’assemblée avait pour titre : Durabilité (Ecologie – Economie – Affaires sociales).
Ce sujet aux multiples facettes ne devait pas être traité uniquement au sein de l’Assemblée des membres accessible uniquement aux membres de la Fédération mais déjà présenté avant l’inauguration de l’Interalpin, au cours d’une conférence de presse, par Franz Hörl, Président de la Fédération des Transports à câbles autrichiens au sein de la Chambre Economique Fédérale et Erik Wolf, président de la Fédération. Dans ces allocutions, ils souhaitaient pour l’essentiel un retour au niveau d’avant la crise et soulignaient l’importance de la durabilité dans le tourisme.
« En marge des commentaires souvent cyniques sur les “ rubans blancs “ se dessinant sur les pentes vertes, il y a le très grand nombre de touristes et vacanciers qui sont restés fidèles au ski d’hiver en Autriche et sont enthousiastes pour ce produit » indiquait Franz Hörl. Pour traduire ce fait en chiffres, ceci signifie un “ quasi-retour “ à l’évolution antérieure au Covid-19, avec près de 50 millions de “ premières entrées ”. Et, avec de bonnes conditions d’enneigement, la saison d’hiver aurait été encore meilleure. « On a également pu constater que la demande en provenance de l’Autriche a été encore meilleure que prévu et qu’en même temps la tendance aux longs voyages de vacances s’est inversée au profit des excursions à la journée. », ajoutait Hörl. Le Président de la Fédération voit également déjà la saison d’été sous un angle positif. « L’utilisation estivale des remontées mécaniques s’est déjà nettement intensifiée pendant le pandémie de Covid-19 et constituera cette année encore un mode de vacances très apprécié, en raison de la tendance à faire des économies, de l’augmentation des prix et des discussions relatives au climat », Hörl en est persuadé.
Concernant la durabilité, on n’agit pas uniquement en fonction de ses propres convictions, mais on est conscient du fait que la durabilité est de plus en plus un critère pour les clients. Ce qui fait que l’industrie et les domaines skiables agissent de concert et montrent comment les sports d’hiver pourront se présenter à l’avenir : « climatiquement neutres, ménageant les ressources et préservant l’espace vital ». L’utilisation de courant écologique à près de 100 % et le renoncement de plus en plus massif aux sources d’énergie fossiles parlent un langage clair.
Les développements intervenus dans les techniques de production de neige constituent eux aussi un bon exemple de recherche de la durabilité souhaitée également par les touristes. « En Autriche, les équipements utilisent à près de 100 % du courant écologique produit dans le pays. Et là encore la consommation d’énergie de divers produits a diminué de moitié, voire de deux tiers pour une même génération. Avec de telles performances, les fabricants contribuent dans une large mesure à la réalisation de nos objectifs communs » déclarait M. Hörl.
Une étude concernant le potentiel du ski a été menée parallèlement pour la troisième fois en Autriche, en Allemagne et en Suisse pour déterminer si la pratique du ski avait encore de l’avenir. Au vu des résultats, on a tout lieu d’être optimiste : en dépit de situations de crises répétées, le potentiel apparaît comme toujours aussi important. « Le ski a été “un produit à succès” au cours des cinq derniers hivers – pendant lesquels le nombre des nuitées dans les régions de montagne de l’espace D-A-CH aussi bien que les premières entrées pour les installations de remontée n’ont cessé de croître. Dans l’ensemble, la demande de l’hiver 2018/19 par rapport à l’hiver 2013/14 a augmenté de près de 10 % » indique Erik Wolf. Au cours de la saison d’hiver 2021/2022, la demande atteignait près de 85% de celle des années ayant précédé la période Covid ; la Suisse enregistrait même une augmentation et l’Autriche devait aux restrictions imposées par les autorités d’avoir enregistré le plus important recul. La raison de ce recul était l’absence d’une partie des skieurs et skieuses. Au lieu des près de 70 % habituels, environ 60 % seulement purent être attirés sur les pistes au cours de cette année. « Mais ces adeptes des sports d’hiver ne sont pas perdus pour le secteur car pratiquement personne n’a renoncé définitivement aux sports d’hiver à cause de la crise », déclarait Wolf à propos des chiffres. On ne constate pas de recul concernant les débutant(e)s et les enfants et l’image des sports d’hiver s’est même améliorée, en particulier du fait de leur reconnaissance comme sport bon pour la santé.
L’association met depuis cette saison l’accent sur les employés des remontées mécaniques en vue du renforcement interne et de l’optimisation de la communication. « Ces derniers sont des personnes qui ont de plus en plus d’importance au niveau de la communication avec les clients et sont de plus en plus souvent appelés à fournir des informations diverses, concernant p.ex. les activités du domaine skiable dans une perspective de durabilité », poursuit Erik Wolf qui rappelle à ce propos la deuxième phase d’une vaste enquête menée auprès des membres du personnel. Le Feedback direct et la connaissance des besoins devront aussi montrer l’importance de la position de l’équipe dans le domaine skiable. « Mais cette reconnaissance de la situation se traduit aussi sur le plan financier dans notre secteur. Avec une augmentation de 10,2 % l’accord collectif de travail se situe actuellement nettement au-dessus du taux de l’inflation » indiquait Wolf qui soulignait ainsi l’importance des membres du personnel en tant qu’ambassadeurs « parfaitement formés et dignes de foi » du tourisme autrichien.
Ateliers de la Fédération
En fin d’après-midi, trois ateliers de haut niveau sur les sujets
• Autonomie énergétiques des transports à câbles – vision ou réalité ?
• Le tourisme fait bouger – Nouvelles voies de la mobilité touristique
• Conserver et faire progresser le personnel
vinrent compléter le programme de l’Assemblée de la Fédération autrichienne des remontées mécaniques 2023. Nous reviendrons en temps voulu sur les résultats de ces travaux.
Soirée de gala
La soirée Snow Crystal Gala Event qui est déjà une tradition, dans la salle Dogana de Congress Innsbruck, terminait en beauté l’Assemblée de la Fédération autrichienne des remontées mécaniques. Un des grands moments de cette soirée fut la remise de la récompense de l’ÖSV (Fédération autrichienne de ski), le Cristal de neige des sports d’hiver, au Professeur Peter Schröcksnadel. Agé aujourd’hui de 81 ans, celui-ci avait présidé de 1990 à 2021 aux destinées de la Fédération autrichienne de ski (ÖSV). C’est un des as du ski autrichiens, Benjamin Reich qui prononça le panégyrique – d’ailleurs ressenti comme un peu trop long.
La soirée de gala se terminait officiellement par une représentation de la Danca Furiosa Company : quatre acrobates, sveltes et gracieuses comme des elfes, représentaient à une hauteur vertigineuse un lustre en rotation. Cette ravissante prestation terminait en beauté la soirée de gala 2023.
(Crédit photos (toutes les photos) : J. NEJEZ)
