Alors que 388 personnes s’étaient inscrites en 2012, puis 400 en 2013, la Réunion de l’UCT battait cette année un nouveau record avec 412 participants.
Et pourtant la salle de conférence était loin d’être pleine ; la réunion tenait en effet ses assises au Centre de Congrès de Davos, le plus vaste des Alpes, qui a déjà accueilli bon nombre de grands congrès d’envergure mondiale. Construite dans un premier temps en 1961, la Maison des congrès a été agrandie tous les dix ans ; les derniers aménagements datant de 2009/2010 permettent au Centre d’accueillir 5.000 visiteurs.
En 2015 Davos fêtera 150 ans de tourisme d’hiver, une des raisons ayant déterminé le choix de cette station pour la réunion annuelle de l’UCT qui devait tenir ses assises avant l’hiver 2014/2015. Aujourd’hui, Davos, la ville la plus haute d’Europe (1.560 m d’altitude), située dans le canton des Grisons, se présente, groupée avec Klosters sa voisine, comme une destination de vacances moderne, performante et d’une grande capacité d’accueil, dont la renommée s’étend bien au-delà des frontières de la Suisse.
OUVERTURE DE LA RÉUNION
Le Président de l’UCT Laurent Vaucher, Télé-Thyon S.A., avait tenu à prononcer les principaux passages de son allocution de bienvenue en allemand, en français et en italien afin de s’adresser directement aux participants de tous les cantons suisses dans lesquels se trouvent des exploitations de transport à câbles. Il remercia de leur présence tous ceux qui avaient fait le déplacement en leur souhaitant un plein succès de leurs travaux.
INFORMATIONS DE L’AUTORITÉ DE SURVEILLANCE OFT
Hanspeter Egli, chef de la section Surveillance de la sécurité à l’OFT (Office fédéral des transports), Berne, commença par présenter un rapport sur l’état d’avancement de la révision de l’ordonnance suisse sur les installations à câbles (OICa). Depuis son entrées en vigueur le 1er janvier 2007, six années se sont écoulées et l’expérience acquise entre temps a permis de déceler quelques points faibles de cette ordonnance. La mise à jour a pour objectif l’éliminer ces déficits et d’apporter un certain nombre d’améliorations, en particulier sur les points suivants :
- rapport d’expert sur le calcul du câble ;
- reconnaissance des chefs techniques désormais indépendante de l’entreprise ;
- l’ordonnance sur les chefs techniques sera désormais également valable pour les installations cantonales, et
- réglementation de la capacité d’assurer le service.
Hanspeter Egli pense que la nouvelle OICa pourra entrer en vigueur le 1er mai 2015.
Parmi les autres sujets abordés on citera l’adaptation de la Loi sur la protection de l’environnement ainsi qu’une convention entre l’OFT et l’IFCF (Inspectorat fédéral des courants forts) régissant les compétences de la procédure d’approbation des plans et d’autorisation d’exploiter des installations d’alimentation en électricité, matière concernant donc aussi les installations de transport à câble.
A la suite d’un accident mortel survenu en janvier 2013 sur un télésiège du domaine de Hoch-Ybrig, dû à ce qu'une personne avait été retenue par son sac à dos resté accroché au siège, ce qui entraîna la chute de ce passager, l’OFT a demandé aux exploitants de poser des panneaux d’avertissement. Sur les nouvelles installations, ces pictogrammes font déjà partie de l’équipement standard.
Pour terminer, Hanspeter Egli devait commenter les statistiques de l’OFT relatives aux évènements et accidents pour l’année 2013. On ne peut que se féliciter du recul important du nombre total d’évènements déclarés, le chiffre tombant 102 pour 2012 à 45 pour 2013 ; cette fois encore, la plupart des cas cités concernaient la chute de passagers à l’embarquement ou au débarquement sur les télésièges. On notait par ailleurs avec satisfaction qu’aucun accident du travail n’avait été à déplorer en 2013.
INFORMATIONS DE L’AUTORITÉ DE SURVEILLANCE CITT
Avant d’aborder les questions techniques, Ulrich Blessing, chef du service de contrôle du CITT (Concordat Intercantonal sur les Téléphériques et les Téléskis) présenta les nouveaux membres du personnel du service de contrôle avec leur photo.
Concernant le transport de passagers avec matériel nouvelles glisses sur les téléskis, il convient de distinguer entre deux types de matériel :
- Type A : Sur ce matériel le passager se tient debout, plus ou moins droit ; en cas de chute il peut donc se libérer assez facilement du dispositif de remorquage – c’est le cas par exemple pour le snowscoot ou le snowbike.
- Type B : Ici le passager est assis ou accroupi ; en cas de chute, il lui est difficile de se libérer du dispositif de remorquage et de quitter la piste de montée. Ceci vaut en particulier pour les luges, les bobs ou les snow-tubes.
- C’est la raison pour laquelle le transport de passagers sur appareils nouvelles glisses du type B n’est pas autorisé sur les téléskis. S’agissant d’appareils du type A, le transport mixte, avec les skieurs, est autorisé à condition que toute perche utilisée avec un appareil nouvelles glisses soit suivie d’une perche vide.
Ulrich Blessing aborda ensuite la question du contrôle des câbles qu’il allait traiter de façon approfondie. Il estime que la situation actuelle dans le domaine des diverses réglementations concernant le contrôle des câbles est un bon exemple pour illustrer le titre de la réunion : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ». Pour venir en aide aux exploitants, l’OFT a rédigé un résumé des textes, que l’on trouve sur son site Internet.
Les statistiques des événements et accidents publiées par le CITT pour la saison 2013/14 montrent que la plupart des accidents se sont produits sur les téléskis et les pistes de luge. Ce qui n’empêcha pas Ulrich Blessing, à la surprise de nombreux participants, de plaider en faveur de la construction de téléskis auxquels il reconnaît principalement les avantages suivants :
- les téléskis sont moins chers à l’achat ;
- les frais de fonctionnement et d’entretien sont moins élevés ;
- l’impact des téléskis sur l’environnement est minime par rapport au autres installations ;
- ils peuvent être utilisés par les personnes craignant le vertige sur les téléportés ;
- ils sont moins sensibles au vent.
Dans la liste des communications concernant les incidents survenus sur des téléskis, on notait toute une série de déraillements du câble porteur-tracteur, dues pour la majorité à un rabattement de l’archet, en particulier au point de débarquement. Il convient donc d’attacher la plus grande attention d’une part à la surveillance du contrôleur d’archet et à la surveillance anti-rabattement, d’autre part à l’entretien des agrès. A cet égard, il faut une fois par an démonter, nettoyer, contrôler l’agrès et effectuer les travaux de maintenance nécessaires (vérifier que les éléments ne sont pas fendillés, lubrifier les ressorts d’enroulement, assurer l’entretien des freins, aléser le cas échéant les attaches, remplacer périodiquement les câbles de remorquage et contrôler les nœuds d’extrémité) et documenter les travaux effectués sur chaque suspente.
Pour terminer, Ulrich Blessing devait encore montrer une photo originale : si ce n’était pas si triste, on pourrait rire du titre : « Chute sur le parapet d’un pont ». Le déneigement n’ayant pas été effectué sur un pont pour skieurs, les parapets ne dépassaient la surface de la piste que de quelques centimètres (voir photo ci-dessous) ; il ne faut donc pas s’étonner que ceci ait provoqué la chute d’un skieur.
CENTRE DE FORMATION DES REMONTÉES MÉCANIQUES SUISSES (CFRMS)
Michael Nydegger, enseignant d’école professionnelle au Centre de formation RMS à Meiringen, a repris son exposé, présenté déjà l’année dernière à l’UCT, sur les différents degrés de formation aux professions des remontée mécanique en Suisse. Les formations suivantes sont proposées :
- Mécatronicien(ne) de remontées mécaniques, quatre années d’apprentissage sanctionnées par un brevet fédéral.
- Employé(e) des remontées mécaniques, deux ans de formation, sanctionnés par une attestation fédérale de formation professionnelle (AFP) ;
- Technicien(ne) spécialiste des installations de transport à câbles, formation sur plusieurs niveaux avec de nombreuses matières, sanctionnée par un brevet fédéral, permettant d’exercer les fonctions de chef technique ;
- Manager de remontées mécaniques, formation aux responsabilités de direction et de management à plusieurs niveaux, sanctionnée par un diplôme fédéral autorisant à exercer les fonctions de chef d’exploitation.
Michael Nydegger donna encore des détails sur le nombre actuel de personnes en formation pour les différentes filières ainsi que sur les dates de début des cours et des examens. Il devait noter par ailleurs que le contrôle des formations a été remanié d’une façon générale ; différentes sociétés de la profession ont mis à la disposition du Centre de nouveaux matériels pédagogiques qui permettent à l’enseignement de coller encore mieux à la pratique.
SERVICE DE CONSEIL TECHNIQUE POUR LES REMONTÉES MÉCANIQUES (RMS)
En se référant au titre de la Réunion, Renzo Pesciallio, chef de projet Technique RMS, Berne, devait montrer à quel point la tâche du chef technique d’une exploitation de transport à câble était complexe. Il souligna en particulier le véritable challenge que constituent les continuelles modifications des textes légaux et des réglementations techniques. Il voit là d’ailleurs une des raisons expliquant que l’on aura du mal à trouver des chefs techniques dans les années qui viennent. Pour donner un exemple de prescriptions compliquées il cita les dispositions relatives au contrôle des câbles auxquelles Ulrich Blessing avait déjà fait allusion.
Puis il aborda le problème de la planification : Renzo Pesciallo estime qu’au stade de la planification d’une remontée mécanique il est extrêmement difficile d’établir une valeur de référence nette pour la pression du vent à introduire dans les calculs, la carte suisse des pressions du vent offrant en effet à cet égard une grande latitude d’interprétation. Pour venir à bout de ce problème, une directive a été élaborée par un groupe de travail RMS ; elle existe actuellement sous forme de projet et devrait être publiée à la fin de l’année.
Pour terminer, Renzo Pesciallo indiqua qu’il existait une version révisée de la fiche N° 4 concernant la maintenance et les transformations.
DIAGNOTIC DES OSCILLATIONS SUR LES ENTRAÎNEMENTS D’INSTALLATIONS DE TRANSPORT À CÂBLES
Axel Haubold, Dipl.-Ing., Chef technique de la Société de diagnostic machines mbH (GfM), présenta à l’assemblée une méthode de diagnostic pour les entraînements et les roulements, qui présente toute une série d’avantages sur d’autres techniques utilisées. Pour comprendre cette méthode il importe de connaître les mécanismes de détérioration dans la technique d’entraînement.
Les exigences imposées aux entraînements sont les suivantes :
- disponibilité,
- fiabilité,
- sécurité.
Différentes influences s’exercent sur l’entraînement :
- service normal,
- situations dépassant les limites de la conception,
- autres composants et installations,
- environnement,
- facteurs humains.
Ces influences entraînent l’apparition de différents mécanismes de détérioration :
- usure,
- fatigue,
- vieillissement,
- corrosion,
- fissures, rupture.
Les mécanismes de détérioration provoquent des réactions sur l’entraînement :
- augmentation/modification des oscillations,
- bruits anormaux,
- augmentation de la consommation d’énergie,
- augmentation de la température,
- introduction de matières indésirables dans les lubrifiants,
- dommages initiaux,
- aggravation des dommages,
- dommages annexes,
- panne.
La surveillance et le diagnostic des oscillations consistent à mesurer celles-ci au moyen de capteurs appropriés et à calculer l’ensemble du spectre de fréquences à l’aide de la transformation de Fourier. Si l’on connaît tous les paramètres cinématiques (nombre des dents de tous les pignons, tous les roulements montés avec leur position), on pourra rapporter les différentes fréquences aux divers constituants et, en se basant sur les amplitudes et les enveloppantes, tirer des conclusions sur l’état des divers constituants.
S’agissant des entraînements d’installations de transport à câble, il convient de tenir compte de quelques particularités :
- sécurité exigée,
- temps d’exploitation,
- cas de charge ondulés, voire alternants,
- vitesse variable,
- inversion de la charge, p.ex. sur les installations à va-et-vient,
- roulements tournant lentement (p.ex. poulies),
- entraînements tournant en même temps,
- transmission sonore limitée par des dispositifs de secours (coussinets de matière plastique).
Le nombre de tours-minute des entraînements d’installations de transport à câbles étant variable, on n’établit pas le spectre d’oscillations en fonction du temps mais en fonction de la vitesse de rotation ; en effet, si l’on prenait le nombre de tours-minute on ne pourrait pas utiliser l’analyse de Fourier.
Axel Haubold a choisi, entre plusieurs exemples, celui de la station motrice bifût d’un télésiège à laquelle il a appliqué sa méthode CMS (Condition Monitoring System). La mesure, effectuée un mois de février avait révélé pour un palier de poulie une probabilité de défaillance de 20%. En raison de ce résultat, le palier a été déposé à la fin de la saison et réparé ; sans réparation il aurait selon toute probabilité provoqué une panne au cours de la saison suivante.
Pour résumer, en quoi consistent les avantages du CMS ? Simplement, il permet de réaliser des économies
- en évitant l’immobilisation de l’installation,
- en évitant les dommages annexes,
- en donnant la possibilité de planifier la maintenance de façon optimale.
Mais l’avantage majeur du CMS est probablement de prouver l’absence de défectuosités. On peut dire en effet que « si le CMS ne révèle aucune irrégularité au niveau de l’entraînement, on peut conclure avec une très forte probabilité qu’il n’y a effectivement pas d’irrégularité. »
INSPECTION VISUELLE DES CÂBLES – PRINCIPES ET MISE EN ŒUVRE
En guise d’introduction, Bruno Longatti, chef du service Technique et Développement chez le câbleur Fatzer, Romanshorn, avait choisi de poser la question : « Pourquoi l’inspection visuelle est-elle un sujet devant être abordé à propos des câbles de remontées mécaniques ? » Réponse simple mais peu satisfaisante : « Parce qu’elle est obligatoire ». Peu satisfaisante parce que beaucoup d’exploitants la considèrent comme une opération compliquée, pénible, coûteuse et en fait inutile.
Il y a pourtant plusieurs bonnes raisons d’effectuer cette inspection visuelle des câbles (IVC) :
- Elle permet de contrôler les câbles sur (presque) toute leur longueur.
- Toute un série de détériorations externes ne peuvent être décelées que par l’inspection visuelle.
- Les dommages externes peuvent être détectés et – dans la mesure où il est encore temps – ils peuvent le plus souvent être réparés ou tout au moins on peut en atténuer les conséquences.
- Une IVC occasionnelle peut être effectuée dans un court délai à la suite de certains évènements (p.ex. coup de foudre, déraillement).
- L’IVC répond au principe : assurer la sécurité et la disponibilité de l’installation à un coût raisonnable.
Parmi les détériorations qui ne peuvent être détectées que par l’IVC on citera les suivantes :
- chevauchement de fils et de torons,
- modification anormale du diamètre et du pas de câblage,
- détériorations au niveau de la structure de l’épissure,
- égratignures, entailles, souillures,
- anomalies relatives à la couleur, indiquant une modification de la structure (p.ex. sous l’effet de la foudre).
- début de corrosion,
- forte corrosion,
- lésions importantes au niveau des fils.
En accompagnant son exposé de photos de détériorations de câbles particulièrement suggestives, Bruno Longatti a pu démontrer de façon convaincante l’utilité et la nécessité de l’inspection visuelle qui – appliquée conjointement avec le contrôle électromagnétique – constitue une méthode sûre d’appréciation de l’état d’un câble.
EXPERIENCES ISSUES DU CONTRÔLE DES EXPLOITATIONS
Restant dans le sujet traité par Bruno Longatti, Urs Amiel, de l’OFT, Berne, fit part des constations de l’OFT relatives à l’inspection visuelle des câbles (IVC) résultant des contrôles d’exploitations.
En posant la question « Connaissez-vous l’état des câbles de votre installation ? » Urs Amiel voulait attirer l’attention sur la nécessité absolue de l’inspection visuelle. Cette inspection est d’ailleurs imposée depuis toujours par les règlements : il ne faut pas oublier que jusqu’à l’introduction du contrôle électromagnétique vers la fin des années 50, elle constituait le seul moyen d’apprécier l’état de santé d’un câble.
Il est compréhensible que l’inspection visuelle n’ait pas vraiment la faveur des exploitants. C’est dans la plupart des cas une intervention malaisée et fatigante. Il faut faire des pauses régulières. Il faut prévoir des postes de travail adaptés pour l’exécution de l’IVC. Les conditions atmosphériques et la visibilité jouent un rôle, le câble doit être sec et suffisamment propre.
Un point important pour l’exécution de l’IVC est la qualification du personnel. On est donc amené à se poser la question de savoir comment acquérir les connaissances nécessaires. Il y a plusieurs possibilités. En Suisse, les chefs techniques profitent de plus en plus souvent des séminaires IVC offerts par l’UCT pour être en mesure de donner au personnel les instructions nécessaires.
En conclusion, Urs Amiel devait indiquer que l’inspection visuelle des câbles reste un sujet d’actualité lors des contrôles réalisés par l’UCT dans les exploitations, que d’une façon générale la situation s’est nettement améliorée mais qu’il reste malgré tout encore quelque chose à faire.
AUTRES SUJETS TRAITÉS À LA RÉUNION UCT 2014
Nous publierons dans le numéro 1/2015 d’ISR le compte-rendu des autres conférences ainsi que de la table ronde sur le sujet « Comment fonctionnent les audits/contrôles en Autriche » qui fut l’occasion de faire ressortir les différences entre l’Autriche et la Suisse concernant la façon dont s’exerce la surveillance.
SALON
Comme tous les ans, un important Salon avait été organisé dans le cadre de la Réunion UCT. 44 exposants avaient installé leurs stands dans le foyer du Centre de congrès ; c’est également là que se trouvait le buffet où les participants pouvaient se retrouver à midi ou pour la pause café, ce qui permettait de passer directement d’une conférence à la visite des stands.
Josef Nejez