Au début de l’année prochaine, son livre Technische Beschneiung und Umwelt (Enneigement technique et environnement) paraîtra aux Editions Springerverlag (Premières informations sous link.springer.com/book/9783662697771). Cet ouvrage qui succède au livre Kunstschnee und Umwelt (Neige artificielle et environnement) publié par la Pr Ulrike Pröbstl-Haider en 2006, fait la synthèse des résultats de la recherche obtenus au cours des deux dernières décennies et consigne son évaluation des interférences entre enneigement technique, tourisme et écologie
ISR : Madame Pröbstl-Haider, à quelles conclusions êtes-vous arrivée dans votre nouvel ouvrage ?
Prof. Pröbstl-Haider : Nous avons évalué plus de 40 études et je pense que j’ai pratiquement tout lu concernant ce que la science a étudié sur ce sujet. Les points forts de la recherche ont évolué au cours des années. Au début on se concentrait principalement sur les effets au niveau de la végétation et on entretenait l’inquiétude en laissant envisager des pertes pouvant aller jusqu’à 40% pour la récolte de foin sur la superficie des pistes qui auraient été enneigées mécaniquement. Ce n’est que plus tard que la faune et l’eau furent aussi prises en considération par la recherche. Etant donné qu’il faut un certain temps pour pouvoir constater les modifications intervenant dans la végétation, le premier bilan était encore déséquilibré. Par ailleurs, on n’avait pas suffisamment tenu compte de la mesure dans laquelle des facteurs tels que la fumaison des terrains agricoles, la comparaison entre les surfaces des pistes et d’autre surfaces, l’eau utilisée, etc., pouvaient influencer les résultats de la recherche.
Les travaux de recherche de ces dernièresannées ont permis de prouver entre autres que l’enneigement technique effectué sur des sols secs sensibles et de bonne qualité n’avait pas les conséquences redoutées étant donné que – à exploitation égale – l’effet de la sécheresse au cours des mois d’été très chauds n’est pas influencé de façon notable par la présence de grandes quantités d’eau au printemps.
ISR : Le problème de l’eau est de plus en plus au centre des préoccupations…
Prof. Pröbstl-Haider : La question de la disponibilité d’eau a pris beaucoup d’importance car, aujourd’hui, on voudrait enneiger un domaine skiable dans l’espace de deux ou trois jours. Ce qui nécessite bien sûr l’utilisation d’une grande quantité d’eau. Il y a 20 ans, les lacs de retenue avaient désamorcé le « conflit » avec l’écosystème des eaux du fait que cette solution évite le prélèvement d’eau dans un fleuve ou autres eaux naturelles. Mais il ne faut pas oublier que ces bassins de retenue constituent d’importantes surfaces scellées en raison du matériau d’étanchéification du fond.
ISR : Et qu’en est-il du monde animal ?
Prof. Pröbstl-Haider : Il y a eu autrefois beaucoup de discussions concernant la perturbation de la nature par des bandes de bruit lors de longues périodes d’enneigement mécanique qui pouvaient durer des semaines. L’amélioration des techniques d’enneigement, les étangs de neige et l’habitude d’effectuer un enneigement de base en quelques jours font que ces conflits de perturbation écologique ne sont pratiquement plus d’actualité. Trois journées bruyantes dérangent moins que des séances d’enneigement irrégulières réparties sur les 30 jours du mois. Et une chose encore : personne n’est plus économiquement intéressé par une prolongation de la saison jusqu’à la période de pariade des oiseaux. Quand les températures commencent à augmenter, les gens préfèrent planter des primevères dans leur jardin ou reprendre les randonnées en vélo. C’est là juste un petit aperçu en ce qui concerne le monde animal – on pourrait bien sûr encore parler de la réduction d’activité des vers de terre sous la neige artificielle au printemps ou de la perturbation d’autres animaux vivant sous la terre (Remarque : on devine un sourire dans la voix) …